• Chapitre III : L'insolence et la faiblesse

    Le matin arriva, Mirabelle se réveilla sur son lit de paille, éblouie par les rayons du soleil. Sa mère était endormie au pied de son lit. Pourquoi ? Se demandait Mirabelle. À l'heure qu'il était, elle devait être en cuisine pour préparer le petit déjeuner. Mirabelle lui caressa les cheveux. Contrairement à elle, Roselyn avait les cheveux longs et lisses, mais ils étaient aussi bruns que ceux de Mirabelle.

    Roselyn se réveilla.

    - Oh, bonjour Mira', j'espérais me réveiller avant toi. expliqua-t-elle à sa fille.

    - Ce n'est pas grave maman, j'aime te voir dormir. la rassura-t-elle avec son plus beau sourire.

    - Ah oui, joyeux anniversaire ma puce. Je n'ai pas eu l'occasion de te le souhaiter hier.

    Mirabelle ne pu cacher sa joie.

    - Merci maman ! J'ai cru que tu avais oublié, avec tout le travail que tu avais à faire !

    - Je n'oublierai jamais l'anniversaire d'un de mes enfants voyons ! s'indigna Roselyn.

    - Oui maintenant je le sais. rit Mirabelle.

    - Bon je dois aller préparer le petit-déjeuner si je ne veux pas avoir d'ennuis.

    - Oui à tout à l'heure !

    - À plus.

    Sur ces mots, elle sortit de la grange.

    La famille Roody possédait une grange, car ils avaient des vaches, et comme les esclaves étaient considérés comme des animaux, les Clow dormaient dans la grange.

    Mirabelle se leva également, elle aussi avait du travail à faire. Tout d'abord, elle devait aller chercher de l'eau au ruisseau. Elle prit le grand seau d'eau, sortit de la grange, puis se mit en route.

    Sur son chemin, elle rencontra toutes sortes de magiciens, qui la regardaient tous avec mépris. D'ailleurs même les esclaves la regardaient ainsi. Seulement parce-qu'elle était une descendante du roi Clow. Elle même avait honte de cela. Elle en avait marre qu'on la reluque ainsi, elle se sentait inférieure, c'était le cas, mais plus que d'habitude.

    Le ruisseau par-contre était désert, du moins, à première vue. Alors, elle se mit à chanter le même air que la veille. Quand elle chantait, ça l'appaisait. Elle se sentait libre, envolée et sûrtout acceptée par le monde, malgré que ça n'était pas le cas. Mirabelle venait souvent chanter au ruisseau, car il n'y avait personne pour lui dire de se taire. À côté du ruisseau, il y avait une falaise, et de l'autre côté du ruisseau, une forêt. Elle faisait peur à Mirabelle, on disait qu'elle y peuplait des bêtes sanguinaires.

    Mirabelle mit le seau dans l'eau qui se remplit aussitôt. Le seau devint beaucoup plus lourd, et pour une petite fille aussi squelettique que Mirabelle, il était presque impossible de le soulever longtemps. Mais elle avait l'esprit dur et c'est cela qui faisait qu'elle n'abandonnait jamais. Petit à petit, le seau devenait de plus en plus léger, au début il était lourd, puis ensuite plus du tout. Elle regarda le seau d'un air interrogateur, et à son plus grand étonnement vit qu'il était vide. Mirabelle en était sûre, c'était l'œuvre d'un magicien. Pour la première fois de toute sa vie, Mirabelle éprouva de la haine envers les magiciens. Si elle retournait au ruisseau, elle serait en retard pour les autres tâches qui l'attendaient chez les Roody et serait donc punie. Jusqu'à présent, elle s'était faîte punir très rarement, sa mère s'arrangeait souvent pour obtenir les punitions à sa place. D'un autre côté, si elle revenait chez les Roody avec un seau vide, elle se ferait également punir. Mirabelle décida donc de retourner au ruisseau.

    Revenue au ruisseau, elle remplit pour la deuxième fois son seau. Tout à coup, elle entendit un bruit qui venait d'au dessus d'elle. La petite fille releva la tête, et écarquilla les yeux. Un énorme rocher allait tomber de la falaise, c'est à dire sur elle. Mirabelle était paralysée par la peur et demeurait immobile. Le rocher tomba enfin, Mirabelle protégea sa tête avec ses mains et ferma les yeux. "C'est la fin" songea-t-elle. Mais rien ne se passa. Elle ouvrit donc un œil pour voir où était passé le rocher, celui-ci flottait au dessus de sa tête. L'écart entre elle et le rocher était mince. Mirabelle eut enfin l'intelligence de s'éloigner de la ligne de mire du rocher. Celui-ci tomba et s'explosa sur le sol au moment même où elle fut éloignée. Elle venait de frôler la mort... mais elle avait survécu. Elle regarda autour d'elle. Qui avait bien pu la sauver ?

    Elle scruta la forêt et vit une ombre s'éloigner.

    - Il y a quelqu'un ?! s'écria-t-elle.

    Aucune réponse. C'était dur à croire, mais on l'avait sauvé, et ça ne pouvait être qu'un magicien, personne n'était capable de faire voler un -aussi lourd- rocher. Sauf les magiciens. Mais qui avait bien pu vouloir la sauver ? Il existait donc de gentils magiciens ? Son sauveur savait-il qu'il venait de porter secour à Mirabelle Clow, une descendante de celui qui avait mit un therme à la paix ? Sûrement pas, il devait penser qu'elle n'était qu'une simple esclave en danger. Tout le monde la détestait, elle et sa famille, que ce soit homme ou magicien. C'était son ancêtre qui avait déclenché tout ça, et la famille de Mirabelle en payait le prix.

    Sans réfléchir, celle-ci marcha le long du ruisseau pour partir vers la forêt. Malgré sa peur, elle voulait remercier son sauveur, même si pour ça elle devait vaincre sa frayeur. Elle traversa le ruisseau en nageant, sa mère lui avait apprit à nager quand elle était un peu plus petite.

    Quand elle arriva dans la forêt, la première chose qu'elle vit, c'était un petit collier qui brillait. Elle le ramassa et le contempla un long moment. La petite fille était sûre qu'il appartenait au magicien qui l'avait sauvé. Une voix intérieure lui disait de foncer dans la forêt, mais Mirabelle n'était pas comme son frère ou sa mère. Elle n'était pas courageuse. La petite retourna donc sur ses pas, retraversa le ruisseau à la nage, reprit son seau lourd et se dépêcha tant bien que mal de rentrer chez les Roody. Elle était très en retard et en arrivant, elle trouva Mme Roody très en colère. La punition allait sûrement bientôt arriver.

    - Petite sotte ! As-tu vu l'heure qu'il est ?! hurla-t-elle.

    Pour toute réponse, Mirabelle secoua timidement la tête.

    - Il est midi ! MIDI ! Peux-tu m'expliquer pourquoi tu es parti à huit heure et tu es revenue à midi ?! aboya-t-elle.

    - Eh... eh bien, je... je..., begueya-t-elle.

    - C'est bien ce que je pensais ! Tu glandais ! Tu vas voir de quel bois je me chauffe esclave !

    Roselyn débarqua à toute vitesse et prit Mirabelle dans ses bras.

    - Oh mon Dieu ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose de grave ! s'exclama-t-elle.

    Si seulement elle savait que sa fille venait de frôler la mort...

    - Maman ! Qu'as-tu à la joue ?! paniqua Mirabelle.

    En effet, Roselyn avait une entaille à la joue.

    - Ah... ça ? C'est rien, juste une punition car j'ai été en retard pour préparer le petit-déjeuner. justifia-t-elle avec un regard noir appuyé à Mme Roody.

    - Aller, petite, viens par ici que je te donne ta punition ! aboya Mme Roody.

    - Ah non ! Laissez ma fille tranquille ! Punissez-moi à sa place ! demanda Roselyn.

    - Non ! Pas cette fois ! Elle sera privé de pain pendant cinq jours ! refusa Mme Roody.

    Roselyn se retint de répliquer car si elle allait trop loin dans ses propos, cela pouvait avoir des conséquences. Mirabelle baissa la tête et alla dans la grange. Une fois arrivée là-bas, elle sortit de sa poche le collier qu'elle avait trouvé dans la forêt. Elle constata qu'au bout du collier il y avait une sorte de petite montre. Cette montre était en or ! Mirabelle avait trouvé un collier en or ! Elle était riche ! Malheureusement, elle tenait beaucoup trop à ce collier pour le vendre. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. Pour elle, c'était comme un cadeau d'anniversaire, même si la personne ne le lui avait pas offert.

    Tout à coup, elle entendit la clochette de la maison sonner. C'était un dimanche, M.Roody ne travaillait pas. Alors qui ça pouvait bien être ? Peut-être Éric et Edward qui rentraient de la mine plus tôt.

    Mirabelle rangea précieusement son collier dans sa poche et partit vers l'entrée, Mme Roody venait d'ouvrir la porte. Un soldat mage se tenait au seuil de l'entrée.

    - J'aimerais voir Roselyn Clow. annonça celui-ci.

    Mme Roody le regarda étonnée.

    - Oui, bien-sûre ! ROSELYN ! VIENS PAR ICI ! appela-t-elle.

    Roselyn vint assez rapidement par curiosité. Elle se demandait qui pouvait bien la demander.

    - Ah, vous voilà Mme Clow. Je viens vous annoncer les morts d'Edward et d'Éric Clow. dit-il comme s'il lui racontait ce qu'il avait mangé la veille.

    Mirabelle se figea, elle n'arrivait plus à respirer d'un coup. Son frère et son père morts ? C'était juste impossible pour elle ! Elle s'attendait encore à ce qu'ils passent le pied de la porte. Mais c'était fini. Ils ne la passeraient plus jamais. Mirabelle pleura. Roselyn restait elle aussi figée sur place.

    - Quelle est... quelle est la cause ? La cause de la mort ?! demanda-t-elle, sa voix montée de deux octaves.

    Mme Roody observait la scène en silence. Le soldat mage se mit à ricaner. Roselyn le regardait sans comprendre tandis que Mirabelle pleurait en silence.

    - La cause ? demanda le soldat hilare. Je crois que c'est évident. La faiblesse voyons.

    Il riait. Mirabelle, elle, versait toutes les larmes de son corps. Roselyn avait les larmes aux yeux et semblait prête à exploser à tout moment.

    - Comment... comment osez-vous ? bouillit-elle intérieurement.

    Celui-ci pour toute réponse riait, encore et encore. Roselyn tremblait de colère. Mme Roody observait la scène ébahie.

    Roselyn s'emporta et gifla le soldat d'une force incroyable. Le mage se décomposa. De toute sa vie, jamais il n'avait vu un esclave lever la main sur un magicien. Roselyn avait du cran, mais elle se figea quand elle se rendit compte de la bêtise qu'elle venait de faire. Mirabelle s'arrêta de pleurer.

    Le soldat tira violemment sa mère par les cheveux.

    - Espèce de petite insolente ! Tu sais sur qui tu viens de lever la main ?! Sur le général Harrison ! Ça te coûtera l'exécution ! Maintenant tu vas me suivre sans discuter !

    Il enchaîna les mains de Roselyn avec un sort. Elle avait la tête baissée et elle tremblait. De peur ou de colère, on ne savait pas exactement. Le général Harrison lui releva le menton et sourit.

    - Tu es d'une beauté à couper le souffle, on pourrait peut-être s'arranger pour que je t'évite l'exécution.

    Roselyn fronça les sourcils et lui cracha au visage. Après tout, le mal était déjà fait.

    - Je ne suis pas une catin ! Vieux pervers ! tonna-t-elle.

    Cette fois, il lui mit un gros coup de poing à la joue gauche qui la fit basculer et tomber.

    - Lâchez ma maman ! Lâchez-la ! Je vous en supplie ! conjura Mirabelle.

    Le soldat lui jeta un coup d'œil étonné.

    - Tu viens de faire l'erreur de ta vie, ricana-t-il en s'adressant à la mère de Mirabelle, maintenant, ta fille va devoir se débrouiller seule et grandir, sans famille.

    Après l'entente de ces paroles, Roselyn releva la tête vers Mirabelle. Sa joue avait prit une couleur violette et un petit filet de sang s'écoulait au coin de ses lèvres. Elle pleurait. Et pour finir elle lui fit un regard d'une profonde tristesse.

    - Oh ma petite puce... Je suis tellement désolée... Je ne sais pas si un jour tu me pardonneras.

    Pour toute réponse, Mirabelle pleura et s'en alla en courant dans la grange.

    Arrivée dans la grange, elle se blottit dans son lit de paille délabré, et continua à pleurer encore et encore.

    Puis à un moment, Mme Roody débarqua, sûrement pour que Mirabelle travaille.

    Celle-ci se redressa et renifla assez fort puis continua de pleurer. Mme Roody lui lança un tissu à la figure.

    - Tiens, mets ça, l'exécution de ta mère a lieu dans une heure.

    Mirabelle contempla le tissu, c'était une jolie robe. Pas de luxe, mais elle était jolie. Mirabelle était habituellement vêtue d'une salopette et d'un tee-shirt. Alors pour elle, une robe, c'était trop. Elle se demanda pourquoi Mme Roody était si gentille d'un coup. Peut-être avait-elle seulement pitié.

    - M... Merci. dit-elle entre deux sanglots.

    - Aller, dépêche-toi. la pressa Mme Roody.

    Mirabelle hocha la tête et Mme Roody tourna les talons. Mirabelle alla se laver le visage, se changea et enfila son collier en le camouflant en dessous de sa robe. Elle tenta d'attacher ses cheveux. Sans succès. Tant pis, l'exécution de sa mère allait avoir lieue dans pas longtemps. Elle sortit de la grange et rejoignit Mme Roody qui l'attendait devant la porte.

    - Dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire. dit-elle sur un ton méprisant.

    Mirabelle se dépêcha de la rejoindre. Peut-être était-ce une mauvaise idée de se rendre à l'exécution de sa mère ? Mais Mirabelle était décidée à y aller, elle voulait lui dire au revoir une dernière fois. Ce qu'elle n'avait pas fait avec son frère et son père.

    Elle suivait Mme Roody dans la rue d'un pas incertain. L'exécution de Roselyn avait lieue sur la Grand-Place du village, c'est là qu'avaient habituellement lieues les importantes exécutions. Quand elles arrivèrent à destination, Mirabelle fut surprise de constater qu'il y avait autant de monde pour assister à l'exécution. Mme Roody prit fermement la main de Mirabelle et se fraya un chemin parmi la foule. Elles pouvaient à présent distinguer la mère de Mirabelle. Celle-ci était enchaînée au poteau central. Deux soldats mages étaient placés de part et d'autre du poteau. Un à la gauche de Roselyn, l'autre à sa droite. Tous deux avaient une longue épée nommée Hyrt. Elle avait la réputation d'être très tranchante, à ce qu'on disait, elle pouvait trancher la feuille elle-même sans difficulté.

    Un peu plus loin, sur trois sièges, étaient installés le roi, la reine ( aussi appelée Gentille-Reine ), et le général Harrison. Le ministre du roi était aux côtés des soldats, un livre à la main. Roselyn était très amochée, et la mort ne semblait pas lui faire peur. Ce qui lui faisait réellement peur, c'était qu'en mourrant, elle laisserait derrière elle sa petite fille dans ce monde si injuste et cruel.

    Mirabelle, en voyant sa mère, sentit ses yeux la picoter.

    Le ministre prit la parole :

    - Je vous salut, magiciens et... hem... Esclaves. Nous sommes aujourd'hui réunis afin d'assister à l'exécution de Roselyn Clow, à l'origine, Roselyn Saint-Jacques. Elle s'est malheureusement liée à Edward Clow, descendant du roi Clow IV, traître qui à une lointaine époque, a réduit les magiciens en moins que rien. Les magiciens étants plus puissants se sont rebellés au bout de deux siècles et ont gagnés la guerre, un siècle plus tard. Pour punir les hommes, nos ancêtres les ont réduit en esclaves. Les Clow ont eux aussi payé le prix de leur trahison mais beaucoup plus sévèrement que les autres hommes. Aujourd'hui sont morts à la mine Edward et son fils Éric Clow. Roselyn va être exécutée et Mirabelle, sa fille, va grandir en tant que dernière descendante des Clow. Roselyn est aujourd'hui condamnée à mort pour violence envers un magicien, ici, le général Francis Loïc Harrison.

    Des chuchotements emplirent la Grand-Place.

    - Silence ! tonna le roi.

    Tous se tairent.

    - Je disais donc que Roselyn Clow, reprit le ministre, allait être exécutée pour violence envers un magicien. Que cela serve d'exemple aux esclaves qui auraient en tête de se rebeller. Place maintenant à l'exécution. Mais avant tout, comme le veut la tradition, avez-vous quelque-chose à ajouter Mme Clow ?

    Tous regardèrent à présent Roselyn, qui cherchait des yeux Mirabelle. Lorsqu'elle la trouva enfin, elle sourit.

    - Oui. J'aimerais dire un mot à ma fille. sourit faiblement Mme Clow.

    - Eh bien allez-y, nous n'avons pas toute la journée. dit-il en levant les yeux au ciel.

    Mirabelle sentit des larmes couler le long de ses joues.

    - Tout d'abord ma puce, sâche que je t'aime et que ça ne changera jamais quoi qu'il arrive. Ensuite, je tiens à te dire que tu es une petite fille très courageuse et...

    Sa voix se cassa et elle éclata en sanglots.

    - Je suis tellement désolée ! Je t'ai abandonné et je n'en suis pas fière ! Mais Mirabelle, toi tu sauras trouver ta voie ! Tu as une qualité rare, tu regardes au-delà de l'apparence, pour toi, peut importe, hommes ou magiciens, tu sauras les apprécier ! Alors que moi, ma haine m'aveugle ! Je ne saurais jamais voir au-delà des apparences, je détesterai toujours les magiciens, qu'ils soient gentils ou méchant ! Tu as ce don de voir en chacun ce qui est bon ! Quoi qu'il arrivera, quoi qu'ils te feront, continue d'aimer ! Je t'en conjure !

    Mirabelle pleurait en silence ne ratant pas une miette de ce que disait sa mère. Mirabelle voulait s'enfuire, loin, loin de tout ça. Mais elle n'arrivait pas à bouger.

    - Bien. Quelles sont vos dernières volontés ? conclua le ministre.

    - Que les hommes retrouvent leur liberté, mais j'imagine que ça ça ne compte pas ?

    - Non en effet. repondit le ministre agacé.

    - Alors je voudrais que ma fille, Mirabelle, chante une dernière chanson. éxigea-t-elle.

    Mirabelle resta bouche-bée. Elle n'était pas en état de chanter et était beaucoup trop timide pour le faire devant autant de monde. Néanmoins, elle était prête à faire un effort si c'était la dernière volonté de sa mère. Les gens autour de la petite fille s'écartèrent pour qu'elle ait plus d'espace et qu'on puisse la distinguer de loin. Elle était pétrifiée.

    - Chante esclave ! hurla le ministre au loin.

    Mirabelle essuya ses larmes, ferma les yeux, inspira un grand coup et entâma une chanson :

    " Esclave, sors de ta cave,

    Regarde au loin, je te tends la main,

    Toutes ces années passés à espérer,

    Toutes ces années tu es resté enfermé,

    Mais quand vas-tu agir ?

    Pourquoi as-tu cessé d'espérer ?

    Pourquoi ne t'es-tu toujours pas relevé ?

    Qu'attends-tu ? Pour leur montrer qui tu es,

    Lève la tête, ne leur montre pas tes faiblesses,

    Pour eux tu n'es qu'un chien attaché à sa laisse,

    Mais un chien n'est-il pas dangereux quand il mord ?

    Alors vas-y, vas-y,

    Montre-leur qui tu es,

    Montre-leur que toi aussi,

    Tu peux te battre,

    Et non te faire battre,

    Alors fais-moi plaisir,

    Et montre-leur, montre-moi, ton sourire... "

    Tout le monde sans exception avait écouté et était bouche-bée. Non pas parce-qu'elle chantait magnifiquement bien, mais parce-qu'elle venait de chanter un chant illégal. Cette chanson avait été bannie il y avait plusieurs années de cela, sous prétexte qu'elle incitait les esclaves à se révolter.

    Roselyn avait chanté cette chanson à Mirabelle alors que celle-ci n'avait que deux ans. Sa mère ne la lui avait plus jamais chanté, c'était étonnant de constater que Mirabelle se rappelait des paroles exactes.

    Elle rouvrit les yeux et vit que tous la regardaient ébahis. Au début elle ne comprenait pas, puis elle se rendit compte de la faute qu'elle venait de commettre. Elle ravala sa salive. Ce chant était le premier qui lui était passé par la tête. Au loin, elle vit le roi bondir de son siège. Les bouches de la Gentille-Reine, du général Harrison et du ministre formaient toutes trois un "O".

    - Cours Mirabelle ! COURS ! Le plus loin possible ! hurla sa mère.

    - Qu'on lui coupe la tête ! ordonna le roi.

    Les soldats s'exécutèrent et coupèrent la tête de Roselyn. La tête roula sur le sol.

    Les yeux de Mirabelle se remplirent à nouveau de larmes.

    - Je te conseille de courir comme ta mère te l'a dit. lui chuchota Mme Roody à l'oreille.

    Mirabelle n'attendit pas qu'on le lui répète deux fois, elle tourna les talons et courut.

    - Rattrapez-la ! VITE ! cria le roi.

    Mirabelle courait vite mais elle ne savait pas où elle allait, ses larmes lui brouillaient la vue. Elle continua de courir sans s'arrêter, puis elle entendit une détonation. Elle venait de recevoir une balle dans le pied qui la fit trébucher. Elle poussa un juron, se releva et se remit à courir, elle perdait beaucoup de sang, mais elle souffrait plus intérieurement. Mirabelle prit la direction du ruisseau, elle les avait enfin semés. Qui ? Elle ne savait pas exactement. Ses poursuivants. Désormais, elle marchait, ou plutôt boîtait. Son pied lui faisait atrocement mal. Malgré la douleur, elle sauta dans le ruisseau et nagea tant bien que mal. Elle arriva devant la forêt interdite et s'y enfonça.

    À bout de force, elle s'assit près d'un arbre et contempla son pied. Le sang ne s'arrêtait pas de couler. Mirabelle vomit sur le côté et essaya d'arrêter l'hémorragie. En vain. Cette fois c'était vraiment la fin. Elle se remit donc à pleurer contre son arbre et sortit son collier. Elle le regarda deux secondes et le lança contre l'arbre d'en face avec rage. À présent, elle haïssait les magiciens. Tous sans exception.

    Chez les magiciens, on n'entendit plus parler de Mirabelle Clow. Elle avait disparu...

                        To be continued...

    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

    Salut tout le monde ! ^^ Comme prévu le chapitre 3 est assez long. Comme quoi, je tiens mes promesses. ;) Alors ? Ce chapitre vous plaît ? N'hésitez pas à commenter aussi ! Un petit com' ça fait toujours plaisir hein ! *^* Bref je vous adore !

    Groooos bisouuuu ♥♡♥


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